top of page

TEXTE Mélinda

PHOTOS Cécile

L’étape à Corpus Christi restera dans nos mémoires. Dans cette ville de 300 000 habitants connue pour sa base militaire (la Naval Air Station), nous avions décidé de trouver une famille liée à l’armée. Au supermarché du coin, le HEB, nous avons bien rencontré un vétéran du Vietnam, visiblement toujours ému de « son année en enfer », mais celui-ci ne nous a pas rappelées comme convenu. Ensuite, nous avions rendez-vous avec un US Marine adepte du yoga. Mais ce-dernier a annulé à 21h30.



Nous étions alors au DragonFly, un restaurant tenu par un Français. David mangeait seul, entre deux discussions avec le patron, son ami, et nous l’avions invité à se joindre à nous. Après lui avoir assuré que nous ne mettrions pas son nom sur le blog (à cause de son travail dans le pétrole), il a accepté de nous ouvrir sa porte et son cœur.



David a 32 ans. Texan né à Houston, il habite à Corpus Christi depuis huit ans. Son job d’ingénieur dans le pétrole lui a ouvert les portes d’un quartier très chic, où les maisons rivalisent entre elles avec leurs terrasses sur la marina et leurs bateaux amarrés. Mais dans la vie de David et dans sa maison à trois chambres, il y a un vide. Malgré les jouets de ce grand garçon éparpillés à même le sol (guitares, tables de mixage, hameçons et cannes à pêche, fusils de chasse et munitions, jeu d’échecs, caméra GoPro, etc.), David se sent seul.



A 32 ans, ce jeune Texan avoue chercher la femme de sa vie. Il fait partie de ces 47 % d’hommes américains célibataires (cf chiffres du Bureau Census) qui ne rencontrent pas les 53 % de femmes dans le même cas.



Cet adepte du blues cache un certain spleen et des complexes inavoués.



Quand il était plus jeune, David rêvait de devenir pilote ou joueur de baseball. Un cliché américain en somme. Mais la réalité l’a vite rattrapé. Après avoir tenté de faire sa place en tant que manager d’un restaurant, David s’est résolu à travailler dans un domaine qui paye très bien : le pétrole. Même s’il n’a pas fini son diplôme (un complexe), lui qui a grandi dans un environnement « très pauvre » peut désormais dépenser sans compter et voyager. C’est d’ailleurs une femme étrangère qu’il recherche en priorité. Les Américaines, il a essayé, il ne sait jamais si c’est lui ou sa carte bancaire noire qu’elles préfèrent.



Son rêve de tenir un restaurant, il achète son zaatar et son shanklish, des produits libanais, à la supérette du coin et cuisinait avec ses grand parents étant enfant, ne l’a pourtant pas quitté.











































Mais le pétrole, c’était la voie pour réussir. Gagner de l’argent. Devenir une part du rêve américain. En tant que super ingénieur, il est appelé à chaque panne ou gros problème pour réparer dans les plus brefs délais les installations pétrolières. Il parle en connaissance de cause de la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique. Même s’il n’est pas intervenu dessus, il reconnaît: « C’était 100% la faute de BP. Ils étaient dans l’urgence et inquiets pour les coûts. Tout ceci aurait pu être évité. »



ON N’ACHÈTE PAS UNE FAMILLE



Républicain, élevé dans un milieu très religieux, David essaie de comprendre le monde qui l’entoure. Au cours de nos échanges, il assure: « Vous pouvez me poser n’importe quelle question ». Chose faite. L’homosexualité, David ne la comprend pas. Pour lui, c’est à la fois contre-nature et interdit par sa religion. Même s’il ne verrait pas d’inconvénient à avoir des amis gays, il n’en connaît pas vraiment et n’en cherche pas.



100% Texan, Américain ensuite. Si un jour on lui demande de voter la sécession, il le fera, convaincu que le Texas, avec ses nombreuses ressources, peut s’en sortir tout seul. Mais d’ici cinq ans, le Texan se voit vivre hors des Etats-Unis. Il a déjà visité Paris en famille, la Russie pour la chasse, le Japon dont il a ramené des ustensiles de cuisine.



Sa future femme doit être à la fois traditionnelle et accepter le rôle de « l’homme » tout en étant indépendante. Impossible ? David sourit. Il a compris récemment qu’il devra faire des compromis. Et peut-être abandonner l’un de ses nombreux hobby de grand garçon. Pour fonder sa famille à lui.

 ​

 

David

Chez David – Célibataire républicain en quête d’amour

Le DragonFly, repère de David

L’un des hobby de David, la musique

bottom of page