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Les Valdez font partie des 25,8 % de pauvres vivant à San Antonio. Sachant qu’officiellement, être pauvre aux Etats-Unis signifie, pour une famille de quatre personnes, vivre avec moins de 23 000 dollars annuels. Dans le cas des Valdez, les revenus annuels du foyer se limitent aux deux pensions d’invalidité des parents, Augustin et Rosemary, soit 8 400 dollars par an (ou 700 dollars mensuels).



UNE SANTE DÉFAILLANTE, PASSEPORT POUR LE CHÔMAGE



Avec cette somme, « il faut payer les charges, la nourriture, l’essence, les produits d’hygiène et d’entretien de la maison, les abonnements au câble, au téléphone, mais aussi à internet, dont notre dernier fils, Nikolas, a besoin pour étudier, et les mensualités des prêts contractés afin de permettre à notre seconde fille, Samantha, de rejoindre l’équipe de danse de son lycée, puis de partir en vacances à Disneyworld, l’été dernier », précise Rosemary, dont la dépression a été diagnostiquée voilà un peu plus d’un an.



Depuis qu’elle s’est retrouvée au poste de police après une violente dispute avec sa première fille (qu’elle et Augustin hébergeaient avec leur beau-fils et leur petit-fils né alors que ses parents étaient encore adolescents), Rosemary ne travaille plus. Pourtant, « pendant des années, les rôles traditionnels étaient inversés et c’est moi qui travaillait à l’extérieur tandis qu’Augustin restait à la maison », explique la quadragénaire.



De plus, « du fait d’un problème cardiaque que les médecins ont mis du temps à identifier, j’ai souffert de deux attaques et à partir de mes 31 ans, je n’ai plus été en mesure de travailler, confie Augustin. Alors c’est surtout moi qui ai élevé Nikolas ».



DE LA NÉCESSITÉ DES ALLOCATIONS



« A partir du moment où le handicap d’Augustin a été reconnu, nous avons reçu des aides gouvernementales pour l’alimentation, pour la santé des enfants… Et toute aide était la bienvenue. Mais nous avions quand même du mal à joindre les deux bouts », commente Rosemary.



Les Valdez soutiennent la politique de redistribution de Barack Obama. Mais ils n’ont pas voté pour lui en 2008. En fait, ils ne votent pas, bien qu’ils soient inscrits sur les listes électorales. « Mais cette année, il faudrait que j’aille voter », estime Augustin en suivant distraitement le second débat présidentiel télévisé.



« Même si notre situation à nous n’est pas meilleure qu’il y a quatre ans, nous devons prendre la bonne décision pour ne pas en payer les conséquences plus tard, complète Rosemary. Les gens sont trop durs avec Obama. Il avait prévenu lors de sa prise de fonction que cela prendrait du temps, sans doute plus d’un mandat, de redresser l’économie. Romney veut baisser les impôts pour les plus riches, qui vivent déjà dans le luxe, et éliminer des programmes comme Medicare [d’assurance santé pour les plus pauvres], alors qu’ils limitent la pauvreté, la criminalité et le recours aux drogues. C’est vrai qu’il y a des gens qui font un mauvais usage des aides qu’ils reçoivent. Nous leur faisons remarquer quand nous le constatons ». « Et quand mon beau-fils est venu vivre chez nous, je lui ai expliqué qu’il n’était pas question de rester dans la maison avec la clim’ à ne rien faire », ajoute Augustin.



 

DES VALEURS STRUCTURANTES

Le travail ne structure plus la vie des Valdez, mais le chômage n’a en rien entamé leurs convictions religieuses et morales. Ils disent les grâces avant chaque repas et regrettent par exemple que « les jeunes générations ne montrent pas le même respect que les précédentes envers leurs aïeux ». Alors quand l’aînée de leurs filles, Amy, est tombée enceinte à quatorze ans, « bien sûr, nous étions très en colère, reconnaît Rosemary. Mais que pouvions-nous faire ? Nous avons demandé pardon au Seigneur et nous avons aidé notre fille à accueillir cet enfant ».



Puis les parents ont proposé une puce contraceptive à leur cadette. « Car un enfant est toujours une bénédiction, mais pas quand on est trop jeune », estime Rosemary, qui a donné vie à son premier fils quand elle avait seize ans et s’est mariée à Augustin dans la foulée. « Nous avons eu beaucoup de hauts et de bas, car les enfants provoquent des tensions, mais nous avons résolu nos problèmes, car nous ne voulons pas qu’ils tournent mal, comme moi après le divorce de mes parents et avant de me marier avec Rosemary », relate Augustin.



Au grand regret des Valdez, Samantha, leur seconde fille, n’est pas allée à San Marcos, au sud d’Austin, où elle avait été admise à l’université Texas State. « Elle ne voulait pas s’éloigner de son petit-ami », déplore Rosemary. Mais ils espèrent qu’elle se décidera l’année prochaine pour ne pas perdre le bénéfice de sa bourse d’études. Comme ils espèrent que leur fils intégrera le corps des pompiers. Et que leurs quatre enfants feront mieux que leurs parents.



Les Valdez – Chicanos au chômage mais pleins d’espoirs

Augustin (le père), Nikolas (le fils), Gabriel (le petit-fils) et Rosemary (la mère).

TEXTE Cécile

PHOTOS Mélinda

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Les Valdez – Nikolas, 10 ans, artiste et fan de Katy Perry

Nikolas n’a que dix ans et pourtant il a tout d’un grand. Dans sa chambre envahie de poupées et de dessins, Nikolas rêve d’être « artiste et chanteur ».



Incollable sur Monster High (un repère de poupées terrifiantes), le petit Texan est aussi un fan de Katy Perry. Ses dessins, eux, reflètent son talent. Il dépeint avec détails des héroïnes de contes de fées version monstres. Avec son sourire communicateur, Nikolas assure qu’il ne faut pas « avoir peur ». Ce n’est que son imagination qui se déverse sur ses feuilles blanches.

Au gré de nos échanges, je lui apprends quelques mots de français « bonjour », « merci », « au revoir »… Lui veut apprendre à dire « vous êtes jolie ». Malin le petit Nikolas. Quand on lui parle de Paris, il sait qu’il y a une Tour Eiffel là-bas et s’enquiert de ce que les Français mangent. A la vue de charcuterie sur Google images, ses yeux s’illuminent: « Ça a l’air bon…! »



Comme les fromages, les baguettes et bonbons que je lui fais découvrir grâce à cet ordinateur brinquebalant, fenêtre précieuse sur le monde pour ce petit Texan.



Bien modestement je lui fabrique une cocotte en papier. « Oh ! Mais on peut faire un jeu juste avec du papier c’est génial ! » A dix ans, Nikolas demande à sa cocotte s’il va se marier quand il sera grand…



Son père a bien essayé de l’initier au football américain comme ses amis mais ça n’a pas duré. L’enfant préfère chanter, dessiner, rêver. Ses parents fondent de grands espoirs sur lui. Gageons qu’il ne les décevra pas.

TEXTE & PHOTOS Mélinda

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