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Les Garcia – L’Amérique, terre d’opportunités

Alex le père, Tessa le bébé, Alejandra l’aînée et Lindsay la mère.

Il y a un an, Lindsay et Alex Garcia vivaient à deux dans leur maison de Buda près d’Austin. Depuis, leur bébé est arrivé (Tessa, dix mois) et ils ont accueilli la fille colombienne d’Alex (Alejandra, 16 ans, issue d’un premier mariage) sous leur toit. Alejandra fait ses premiers pas dans un lycée américain depuis deux mois. Pour la jeune fille, dont l’anglais est encore timide, le combat pour rejoindre son père a été long. Plusieurs fois, un visa tourisme lui a été refusé.



S’adapter à un nouveau pays n’est pas aisé. « La langue anglaise, l’orthographe surtout, est difficile pour moi » explique la jeune fille. A la maison, sa belle-mère professeure d’espagnol lui parle en anglais, mais elle répond pour l’instant toujours en espagnol. « Nous sommes très fiers d’elle. C’est vraiment difficile pour elle » ajoute Alex. Au Texas, 34,2 % des habitants parlent une autre langue que l’anglais à la maison.



Né à Bogota, Alex a quitté son pays en 1999 quand « la situation était vraiment difficile avec toutes les histoires de drogue. » Dans un premier temps, il envisage de partir pour l’Espagne mais sa soeur vivant au Texas lui conseille de le rejoindre. Lorsque Lindsay rencontre Alex dans un bar de Dallas, elle étudie les sciences politiques et l’espagnol. Les deux profitent de la vie et font la fête. Alex, ex-étudiant en physique, est devenu guitariste professionnel aux Etats-Unis. A son arrivée, il ne parle pas anglais. « La seule chose que j’avais à ce moment c’était ma guitare. J’ai donc décidé de devenir musicien. »















































La famille Garcia fait partie des six millions de Mormons aux Etats-Unis. Alex s’est converti lorsqu’il avait 12 ans. Mais ce n’est que lorsqu’il décide de fonder une famille que le couple cherche à nouveau à aller de manière assidue à l’église mormone. « Je jouais de la musique et je faisais la fête tout le temps. Mais c’était trop et j’ai eu besoin de plus de spiritualité » explique Alex.

Le Colombien vient tout juste de finir un Master en start-up à Arlington avec les encouragements de sa femme. Il est directeur commercial d’une start-up qui monétise les réseaux sociaux.  De professeur de physique en Colombie à futur entrepreneur aux Etats-Unis, Alex ne regrette pas son choix. « Vous avez plus d’opportunités aux Etats-Unis, mais pour avoir un niveau de vie décent je ne pouvais pas juste rester quatre ans et puis repartir en Colombie. J’ai donc décidé de faire ma vie ici. »



Partir vivre en Colombie, le couple marié depuis neuf ans n’y pense pas. « Nous avons des dettes ici et des obligations. Là-bas ce serait difficile de trouver un travail bien rémunéré » explique Lindsay. De fait, les Garcia doivent encore 90 000 $ pour leurs prêts étudiants. Dans six mois, Alex pourra demander la nationalité américaine. Jusqu’à maintenant il n’a pas fait les papiers car cela lui coûte 800 $ mais dans un sourire il admet : « j’ai bien envie d’avoir ce passeport bleu ».





































Professeur d’espagnol en lycée, Lyndsay regrette que l’enseignement des langues soit « une blague nationale aux Etats-Unis. Ici, vous n’avez que deux ans obligatoires au lycée. » La Texane est aussi passionnée par l’actualité et la politique. Grande fan de NPR, elle ira « probablement » voter pour Obama demain.



« En 2008, j’étais très excitée de voter pour lui. C’était rafraîchissant. Mais il m’a déçue. Il a fait de bonnes choses au niveau international, mais au sein de nos frontières nous avions de grandes attentes. Et au lieu d’être génial, il a été moyen voire médiocre. »



Quant au candidat Républicain, Lindsay assure : « Romney est correct. Mais le fait qu’il soit Mormon ne veut pas dire qu’il devrait être président. Je n’aime pas la politique des Républicains. Je suis moins libérale que dans ma jeunesse, c’est sûr, mais je le suis toujours. » Alex est d’accord : « Mitt Romney est l’un des nôtres. Mais on ne doit pas mélanger l’église et la politique. »



UN VOTE DEMOCRATE INUTILE ?



A l’université, Lindsay n’aurait jamais raté une occasion de voter. Elle faisait même partie d’équipes de campagne au niveau local. La semaine dernière, elle s’est rendu deux fois au bureau de vote pour faire entendre sa voix en avance. Mais l’attente l’a découragée. « En plus, Romney va de toute façon gagner au Texas. Mon vote ne fera aucune différence. »



Lindsay garde un très mauvais souvenir des années Bush. « C’était un chouette type, mais un réel idiot. Il n’était accompagné que par des vieux conseillers qui avaient entouré son père. Il nous a embarqués dans deux guerres. Moi je les vois, ces gamins qui après leurs diplômés s’engagent. Ils viennent de familles pauvres et rejoignent l’armée, car c’est une chance pour eux. Bien sûr, vous avez aussi ceux qui sont bien informés et sont fiers de leurs pays qu’ils veulent défendre. Mais ce ne sont pas eux qu’on met en première ligne au front. »



Pour Alejandra, encore loin de ces considérations politiques, qui souhaite travailler dans le domaine de la réalité augmentée, les laboratoires des universités aux Etats-Unis sont une chance.  Sa mère, restée en Colombie, l’a poussée à quitter son pays pour les meilleures opportunités qu’offre l’Amérique. Son père assure « Aux Etats-Unis, on cherche des gens comme elle, doués en maths et en sciences. » Mais Alejandra, fière d’être Colombienne, n’espère qu’une chose, retourner après ses études faire sa vie en Colombie.

Les photos 

TEXTE Mélinda

PHOTOS Cécile

Tessa a aujourd’hui dix mois.

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