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Les St. John 

Un déçu d’Obama + une libertarienne = deux votes pour Romney ?

Robin et Jeff St. John.

Elle est agente immobilière, lui professeur de physique. Robin et Jeff St. John se sont rencontrés en 1990, sur leur lieu de travail. Diplômée en psychologie, Robin intervenait dans l’établissement scolaire où Jeff donnait des cours, en Californie. La Texane était déjà maman d’une petite fille, Britney, qu’elle élevait seule. Et quand elle est tombée enceinte de leur fils Dylan, Jeff l’a épousée, puis l’a suivie au Texas, dans le Nord de l’agglomération de Dallas-Fort Worth. Car pour le couple, « la Californie n’est pas un bon endroit pour élever des enfants. Il y a trop de distractions. Les gangs y sont plus actifs ».



Depuis près de vingt ans, les St. John se sont donc consacrés à leurs enfants. Pour être en mesure de leur offrir plus, Robin s’est reconvertie dans l’immobilier. Voyant « chaque année des jeunes mettre leur vie en l’air » à l’école, Jeff a été un père attentif. Britney a fait du basket, de la course cross-country et a été pom-pom girl. Dylan a fait du football, puis de la danse et du chant. « Il ne fume pas, il ne boit pas et à 19 ans, il nous dit toujours qu’il nous aime avant de quitter la maison pour l’université », raconte Robin.



A 23 ans, Britney, elle, vient de faire un beau mariage à 20 000 dollars (payé par ses parents et pas ceux du marié, comme le veut la tradition aux Etats-Unis). Comme elle est allée à l’université et travaille, elle achète aussi sa première maison. « Nous sommes très heureux de voir nos enfants s’épanouir », confie Jeff, qui a convaincu sa femme de partir au Costa Rica pour leur vingtième anniversaire de mariage, le 31 décembre prochain.



« PAPA, JE SUIS ENCEINTE »



Une chose pourtant ne s’est pas passée comme prévu dans la vie rêvée des St. John. « Au moment où elle finissait le lycée, Britney refusait toutes les bourses d’études auxquelles elle avait postulé et voulait suivre son petit ami de l’époque à l’université où il avait été accepté comme joueur de baseball. Notre fille qui dirigeait l’équipe des pom-pom girls et sortait avec le joueur-clé de l’équipe de foot [le quaterback], belle et intelligente, ne voulait pas se faire financer ses études. J’avais l’impression qu’elle était devenue folle », s’exclame Jeff.

































Il n’a eu l’explication que le jour de la cérémonie de remise des diplômes. « Papa, je suis enceinte ». « Bien sûr, ma première réaction a été la colère, avoue Jeff. Mais je crois que je n’ai pas trop mal réagi, car j’étais soulagé de comprendre pourquoi elle réagissait comme elle le faisait depuis quelques semaines ». « Moi, je savais depuis un mois, mais je voulais lui laisser le temps de prendre sa décision », complète Robin, qui jure ne pas avoir fait pression sur sa fille pour qu’elle garde le bébé même si elle est opposée à l’IVG, tout comme son époux.



« Elle venait d’avoir 18 ans, mais elle est tombée enceinte alors qu’elle était encore mineure. [Les mineures ne pouvant avorter sans l’autorisation de leurs parents aux Etats-Unis], je l’ai donc accompagnée au centre de planification familiale pour qu’elle prenne des informations sur l’IVG », relate la quadragénaire, qui avait fait prendre la pilule à sa fille et soutient l’équivalent américain du Planning familial : Planned Parenthood, pourtant sur la sellette au Texas du fait de l’animosité des Républicains envers cette institution pratiquant des IVG. (Selon le Texas Observer, plus d’une soixantaine de centres de planification familiale texans ont fermé depuis les coupes budgétaires entrées en vigueur l’année dernière.)



UN COUPLE MIXTE POLITIQUEMENT



Britney St. John n’a finalement pas eu recours aux services de Planned Parenthood et ses parents l’ont aidée à élever son fils.

« Nous nous sommes tous impliqués et nous continuons de nous occuper de notre petit-fils, même s’il a quitté la maison avec sa mère et son beau-père il y a un an », explique Robin, avant de répondre à un coup de fil de Britney au sujet du costume d’Halloween du petit garçon, aujourd’hui âgé de cinq ans.



Républicaine, la jeune grand-mère ne soutient pas Mitt Romney à 100 %. Elle trouve le parti républicain trop arc-bouté sur les questions de société. « J’aurais voté pour le libertarien Ron Paul si j’avais pu ». A défaut, son choix s’est porté sur le candidat « le moins pire » selon elle : Romney. Dans le bilan d’Obama, c’est surtout la réforme du système de santé qui la gêne. Elle ne veut pas payer plus que ce qu’elle dépense déjà dans l’assurance maladie de la famille.



















La traduction du son c'est ici.


Démocrate, son mari n’est évidemment pas sur la même longueur d’onde. « Nos dépenses de santé sont trop élevées à cause de la privatisation du système de santé par Reagan, dans les années 1980 ». Se sentant « de plus en plus conservateur à force de vivre au Texas », Jeff est toutefois très indécis. La Chambre des représentants étant républicaine et bloquant beaucoup de propositions d’Obama, il pourrait voter Romney pour tenter d’améliorer le fonctionnement du système politique.



L’EDUCATION AUX ETATS



Mais pour ce qui est de sa vocation : l’éducation, Jeff St. John sait que « la réforme décidée par George W. Bush –No Child Left Behind- n’a pas fonctionné. Les élèves américains apprennent toujours moins à l’école que leurs homologues dans d’autres pays développés. Avant d’entrer à l’université, ils n’ont que quatre cours de sciences contre neuf ailleurs. Obama a était prêt à soutenir des mesures des Etats allant dans ce sens, à condition que ceux-ci participent au financement de ces cours de sciences additionnels. Mais le gouverneur du Texas a refusé cet argent fédéral alors que notre Etat mettait déjà l’accent sur les sciences. Il a déclaré que le gouvernement fédéral n’avait pas à nous dicter la façon d’éduquer nos enfants. C’était purement politique ! »



Empêché de voter car son nom n’apparaissait pas sur les listes électorales, déçu par la campagne comme par l’organisation du vote, Jeff St. John pourrait donc finir par faire comme la majorité des Texans : s’abstenir.





TEXTE Cécile

PHOTOS & SON Mélinda

Les St John sont mariés depuis vingt ans.

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