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Nacogdoches – Une coloc’ arty et engagée, mais pas dans les urnes

Ils circulent à vélo, font leurs courses au marché de producteurs, jouent de la musique, écrivent, peignent ou dessinent, et vivent ensemble sous le même toit plutôt que d’entrer dans le moule du couple marié avec enfants -pourtant prédominant à Nacogdoches, où ils ont élu domicile. Daniel Baugh, Santiago Escobedo, Kimberly Foli et Krysta Robertson ont beau vivre dans l’Est du Texas, connu pour son attachement aux traditions, ces jeunes âgés de 22 à 24 ans se reconnaissent volontiers comme des hipsters. Et contre toute attente, ils s’épanouissent à Nacogdoches.



Certes, « il n’y a pas beaucoup d’endroits où montrer son art », regrette Santiago, étudiant en beaux-arts à l’université Stephen F. Austin. Mais « en prenant en compte le conservatisme ambiant, on peut considérer que Nacogdoches est assez ouvert », nuance Kim, rédactrice en chef adjointe au Daily Sentinel, le quotidien local. « Je viens de trouver un nouveau lieu d’exposition pour les artistes locaux », s’enthousiasme d’ailleurs Daniel, également étudiant en beaux-arts et président de l’Alliance pour les arts de l’université Stephen F. Austin.



I ♥ NAC



« Certains week-ends, Nacogdoches ressemble à une ville fantôme. Mais à d’autres périodes, comme en ce moment, à l’approche d’Halloween, il y a pléthore d’évènements. Ce week-end, nous avions un vernissage d’exposition, un concert de musique et un dîner dans une ferme communautaire », commente Kim, qui est née en Floride, a fait ses études à l’université de l’Est du Tennessee, a vécu un peu partout aux Etats-Unis et avoue qu’elle appréhendait de déménager au Texas quand elle a décroché son poste actuel au Daily Sentinel.



« Je pensais me retrouver chez les ploucs, mais j’ai rencontré un tas de gens formidables. Nous avons notre célébrité locale, le comédien Brad Maule [de la série Hôpital central], et des tas de musiciens. Dans les années 1970-80, il y avait plusieurs festivals de musique, aujourd’hui disparus, mais nous avons maintenant un festival de cinéma ».







































« Par rapport à Lufkin [distante d’une trentaine de kilomètres], où j’ai grandi, Nacogdoches est bien plus agréable et cultivée, confirme Krysta, devenue tatoueuse dans cette ville de 33 000 habitants dont l’université est le premier employeur. Ici, on hésite moins à sortir des sentiers battus. Dans ma ville natale, la plupart de mes amis sont déjà mariés avec des enfants. Moi, je serais prête à emménager avec mon petit ami. Mais pas encore à avoir des enfants ! »



La famille, pour les quatre colocataires, c’est d’abord celle qu’ils ont fondée en emménageant ensemble et en ouvrant les portes de leur grande maison « à toutes les personnes sympas de la ville ». « Je crois que nous les connaissons toutes maintenant, estime Daniel. Il nous arrive de veiller jusqu’à quatre heures du matin avec des gens que nous connaissons à peine, car nous voulons rencontrer des gens intéressants. Avec Santiago, nous prévoyons de séjourner quelque temps à New York à la fin de nos études, pour connaître autre chose. Et comme je me spécialise dans le travail du métal, je m’intéresse à la communauté de forgerons de Memphis, dans le Tennessee. Mais j’adore Nacogdoches. Je suis d’Austin [la capitale du Texas], mais je venais déjà ici avant d’entrer à la fac, rendre visite à ma petite amie de l’époque. Et j’ai continué même après que nous ayons rompu ! »



Même s’il s’implique dans la communauté et cherche à faire profiter l’Alliance pour les arts de l’université du pourcentage artistique en se rapprochant des autorités locales, Daniel ne participe pas à la vie politique de son pays. En fait, sur les quatre colocataires, seule Kim prévoit de voter le six novembre. « Démocrate, car chaque vote compte ». Mais elle trouve que « ce n’est pas forcément leur faute si les jeunes ne participent pas. Il y a peu d’informations disponibles. Et à une époque de changements majeurs, les gens ont parfois l’impression que ce n’est pas la bonne personne qui se présente ».











































IMPLIQUES LOCALEMENT, MAIS PAS DANS LES URNES



S’abstenir n’empêche pas Daniel d’avoir un avis sur le financement des études supérieures, qui fait de plus en plus débat aux Etats-Unis étant donné le niveau d’endettement des étudiants, dépassant désormais les mille milliards de dollars. « Issu d’une famille modeste, je n’aurais jamais dû obtenir de prêt étudiant, mais ma dette s’élèvera à 80 000 dollars à la fin de mes études. Je table sur l’annulation de ma dette au bout de 25 années de paiements réguliers prévue dans la loi texane pour me sortir de ce crédit », témoigne Daniel.

Autres signes de la faillite du système de prêts étudiants : Santiago et Kim ont évité autant que possible d’en contracter. (Santiago s’est contenté d’un emprunt de 6 000 dollars en complément de son job au coffee shop Java jacks et de l’aide de ses parents.) Quant à Krysta, qui avait la vocation de tatoueuse depuis le lycée, elle a fait l’impasse sur l’université. « Ma mère était très inquiète quand j’ai quitté la fac au bout d’un mois et demi. Mais ce n’était pas pour moi. Un confrère m’a formée au tatouage sur des pamplemousses, puis sur moi-même et des amis. Aujourd’hui, je ne compte plus les personnes que j’ai tatouées, mais il y en a plusieurs milliers et mes parents sont très contents pour moi ».





Les photos 

Daniel, Krysta, Kimberly, Santiago.

TEXTE Cécile

VIDEO & PHOTOS Mélinda

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