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TEXTE & SON Cécile

PHOTOS & SON Mélinda

Josef le fils, Cynthia la mère, Kendra la fille.

Mère de cinq enfants nés de trois pères différents dont aucun n’a été son mari (son seul mariage n’ayant duré que deux ans et ne s’étant pas traduit par une nouvelle naissance), Cynthia Rogers a l’impression de subir sa vie. « Quand on est petite fille, on ne se dit pas que l’on va vivre des allocations [soit un budget de 1 343 dollars mensuels, du fait du handicap de son second fils, autiste]. Mais pour élever mes enfants, j’ai dû y avoir recours ».



Née à Hawaï en 1965, Cynthia semble avoir souffert de l’attention portée à sa sœur aînée, souffrant d’un problème cardiaque, de la mort de sa mère d’une maladie auto-immune (le Lupus érythémateux disséminé) quand elle n’avait que neuf ans et de l’autorité parentale accordée sa belle-mère. « Elle en abusait. Quand elle nous punissait, elle s’assurait que nous souffrions ».



LE « GHETTO » DE PORT ARTHUR



Fille de militaire et d’enseignante, elle a aimé grandir dans différentes régions, de la Californie à Rhode Island en passant par l’Arizona ou la Pennsylvanie. « Ici, à Port Arthur [à proximité de la Louisiane], les Blancs vivent avec les Blancs et les Noirs avec les Noirs. J’aimerais que mes enfants évoluent dans un environnement plus divers. Mais comme nous vivons à Port Arthur [noire à 40 % contre 12 % dans l’Etat], je ne peux les envoyer à l’école plus diverse de Nederland », la commune voisine, où vivent la plupart des employés des raffineries de cette cité industrielle de 54 000 habitants.



Après avoir abandonné en cours de route des études entamées à l’université locale (Lamar), Cynthia n’a pas su s’extraire de cette ville régulièrement ravagée par des ouragans où le taux de pauvreté atteint 24 % (contre moins de 17 % pour l’Etat).

« J’ai rencontré le père de Justin, 24 ans, et Catherine, 23 ans, alors que j’habitais encore chez mon père. Il fumait du crack et me battait, mais la police n’a rien fait contre lui, même après qu’il a cassé toutes les fenêtres de l’appartement que j’avais pris pour m’éloigner de lui. Je n’ai été en paix que quand la police l’a appréhendé pour trafic de drogues après que je leur aie indiqué le lieu et le moment où ils pouvaient le prendre en flagrant délit », raconte la quadragénaire en se remémorant des souvenirs enfouis dans sa mémoire.



Depuis, cet homme a tenté d’assassiner l’une de ses nouvelles compagnes et mis le feu à l’appartement de sa belle-mère selon Cynthia. Mais n’a plus jamais porté la main sur elle. « Quand il est sorti de prison, c’était une autre personne ». Tout comme son fils aîné, qui est « devenu très dur » après avoir passé cinq années derrière les barreaux pour avoir participé à un vol à main armé quand il avait 17 ans.



DES ESPOIRS REDUITS



Quant à Catherine, elle est déjà mère de deux enfants qu’elle élève seule dans un logement social grâce aux allocations familiales. « Dans le quartier, je pense qu’il n’y a que quelques pères qui vivent avec leurs familles », indique Cynthia, qui s’avoue démunie pour protéger Josef, 12 ans, et Kendra, 11 ans, des mauvaises rencontres. « Il existe peut-être des associations de quartier ayant des programmes en direction des jeunes, mais je n’en ai pas la connaissance ».



C’est peut-être pour cette raison (et parce que Josef est autiste) que Cynthia préfère laisser son dernier fils, Dakoran, à la charge de son père. Elle n’a jamais habité avec lui, ni avec le père de Josef et Kendra. Ces enfants sont arrivés « par imprévoyance ».



« J’aimerais qu’ils aient une meilleure vie que la mienne, qu’ils aillent à l’université.

Mais je ne pense pas qu’ils apprennent de mes erreurs ».



Cynthia croit en revanche en la capacité des individus à changer leur vie. Après tout, les Etats-Unis ont bien élu un président noir en 2008 alors qu’elle ne pensait pas voir cela de son vivant ! Et puis aujourd’hui, une fois le ménage, la lessive et la cuisine effectués, il ne lui reste plus que la télé pour se divertir et malgré son abonnement aux chaînes câblées, elle « s’ennuie ». Alors Cynthia espère reprendre bientôt un travail, pourquoi pas en raffinerie si elle y décroche un poste, « en dépit des explosions qu’on entend régulièrement, car ces emplois payent bien ».



















La traduction de l’interview de Cynthia, c’est ici !

Cynthia Rogers – Un président noir, rare signe d’espoir

Les photos 

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